• Objet d'étude N°2:

    Fanfare for the Common Man (1942)
    Aaron Copland: Compositeur Américain 1900-1990

     

    Introduction

     

    Le compositeur: Aaron Copland: Compositeur Américain 1900-1990

    * Sa famille d’origine lithuanienne émigre aux Etats-Unis au début du XXe siècle. Son nom d’origine « Kaplan » a été transformé en « Copland » pour une meilleure intégration. Aaron Copland est le dernier de cinq enfants.

     

    * De retour aux USA il deviendra de plus en plus connu et intégrera à son œuvre une dimension de plus en plus patriotique. Cherchant à s’affranchir des influences européennes, il cherche à composer une musique spécifiquement américaine. Reconnu aux USA, il est plus discret dans les salles de concert européennes

     

    * Copland mêle volontiers des influences populaires et savantes dans son oeuvre. On y retrouve un certain néo classicisme, du jazz, du folklore nord et sud américain, de la polytonalité, lyrisme, hymnes et thèmes populaires divers.

     

    * Son style se situe aux antipodes de l’avant-garde européenne. Si Olivier Messiaen, Arnold Schönberg, Stravinsky ou Webern cherchent non pas l’adhésion du grand public mais de repousser les limites de la création  en ouvrant des portes sur l’inconnu, Copland restera toujours attaché à la volonté d’écrire une musique accessible au plus grand nombre.

     

    * Ses œuvres comportent des symphonies, musiques de films, un concerto pour piano, un pour clarinette. Outre les œuvres au programme, on retiendra la musique de scène Billy the kid (1938), ou Lincoln Portrait (1942)

     

    * Copland cherche à développer  un style typiquement américain nourri de musique savante européenne mais surtout de Jazz et folklore américain (chants de cowboy ou de quakers s’invitent souvent dans ses œuvres) dans une optique fortement patriotique et de nature à séduire le grand public.

             Quaker: branche dissidente du protestantisme née en Angleterre et qui s’est répandue aux USA


    à lire pour en savoir plus sur Copland

     

    Contexte historique:
     Copland : compositeur patriotique :
    Le 7 Décembre 1941 à l’aube, l’aviation japonaise attaque la flotte américaine du Pacifique basée sur l’île d’Oahu – archipel des îles Hawaï, 50ème et dernier état américain -.
    L’armée américaine subit des pertes importantes et cette attaque entraîne l’entrée en guerre des USA
    dans le conflit mondial.

      En savoir plus

     

    L’oeuvre:  

    - Composée en 1942, « Fanfare for the Common Man » est une commande du chef de l’orchestre
    de Cincinnati, Eugène Goossens, qui demanda à une vingtaine de compositeurs américains de composer une pièce brève pour fanfare.
    - Le choix de cette formation à forte connotation militaire, reflétait une volonté de contribuer à l’effort de guerre consenti par les Etats-Unis (les Etats-Unis sont entrés en guerre depuis Décembre 1941) : « Fanfare for the Common Man est donc une oeuvre de circonstance.
    Dans une lettre à Goossens, Copland explique que le titre lui a été directement inspiré d’un discours
    du vice-président Wallace parlant du prochain siècle comme étant celui de l’homme ordinaire. Cette composition était pour lui un honneur de participer à un projet patriotique. L’oeuvre est ainsi dédiée
    à ces hommes ordinaires devenus soldats sur le front de guerre.
    Copland : « C’était l’homme ordinaire, après tout, qui faisait le sale boulot à la guerre… »
    La première de l’oeuvre eut lieu le 12 mars 1943.

     

    Développement

    L’oeuvre et son organisation interne
    Définition : La fanfare
    La fanfare peut désigner différentes compositions musicales ou divers ensembles de musiciens de la famille des cuivres parfois accompagnés de percussions.
    La fanfare représente aussi un air musical énergique et proclamateur, généralement de courte durée.
    « Fanfare for the Common Man » a été composée pour une formation instrumentale typique des orchestres de musiques militaires : 3 trompettes, 4 cors, 3 trombones, 1 tuba, timbales ; grosse caisse et tam-tam.

    C’est également l’effectif habituel des cuivres d’un orchestre symphonique.

     

    L’oeuvre et son codage La structure générale repose sur un unique thème qui subit des variations tout au long de l’oeuvre. Des percussions ponctuent ses 4 présentations différentes encadrées par une introduction et une coda. Ces variations mettent en relief un travail mélodique, rythmique, harmonique et timbrique dont la finalité est de construire un grand crescendo qui arrive à son paroxysme à la fin de l’oeuvre. Introduction :
    L’ensemble des percussions ouvrent l’oeuvre sur un motif homorythmique (même rythme) de 3 notes (longue-brève-longue) répété 3 fois de moins en moins fort (decrescendo). Son caractère solennel caractérisé par un tempo lent, une accentuation sur les temps forts et la présence des silences, fait penser à une cérémonie de funérailles.

     

    Principe générateur de l'oeuvre
    Procédé par accumulation (accumulation d'énergie) /
    Recherche d'un climax(point d'intensité maximale, sommet émotionnel et dramatique)

    l'oeuvre fait 46 mesures
    1èresimpressions :musique militaire / ouverture / cuivres
    Ouverture : les percussions (grosse caisse, timbales, gong) sonnent comme un appel,
    l'ouverture de quelque chose.
    Une manière de faire tairel'assistance et de prévenir : attention, quelque chose arrive.
    [rappels des trois coups au théâtre avant le lever du rideau]
    Ici, il y a trois fois trois coups (un long et deux courts -> rythmes dactyles),
    les trois coups du théâtre ont des origines diverses mais deux origines
    sont possibles pour expliquer les trois coups frappés par un bâton appelé «le brigadier» :
    la sainte-trinité, ou à la Comédie française (mise enplace sous le règne de Louis XIV) :
    1 coup pour le roi, 1 pour la reine, & 1 pour le public.

    1ère section : l’exposition du thème :
    D’un caractère calme et recueilli, ce thème est construit sur 6 mesures, divisé en 2 motifs contrastés qui seront modifiés tout au long de l’oeuvre.

     

    Le motif a1 est constitué d’une cellule rythmique anapeste (breve- breve- longue) qui revient tout
    au long de la pièce, dans un mouvement mélodique arpégé. Il se termine sur un mouvement
    descendant en valeurs plus longues amenant une détente.


    Le motif a2 reprend la cellule rythmique anapeste répétée 4 fois dans un resserrement rythmique
    qui donne un sentiment d’accélération, pour se terminer sur un mouvement descendant conclusif.
    L’exposition du thème se termine avec le retour aux percussions d’une simple figure rythmique
    issue de l’introduction.
    Motif a1
    Motif a2
    Cellule rythmique anapeste


    2ème section : 1ère variation du thème :
    Copland harmonise le thème à 2 voix, en ajoutant les cors. Il fait ici une variation mélodique en allongeant le thème de 3 mesures.

    Ceci renforce le caractère majestueux. Avant de faire entendre le motif a2, les percussions viennent ponctuer le motif a1 en faisant sonner juste un fragment de la formule initiale.


    3ème section : 2ème variation du thème :
    Après une transition plus contrastée, l’intensité augmente encore.
    La 3ème section démarre avec une fausse entrée du thème harmonisé à 3 voix et présenté aux
    trombones et tuba
    Le thème est ensuite présenté à 3 puis 4 voix par l’ensemble des cuivres. Il s’agit du principe d’accumulation. C’est une variation par ajout d’instruments qui n’ont pas encore été entendu. Copland apporte une nouvelle variation mélodique et rythmique au thème, toujours en le rallongeant.


    4ème section : 3ème variation du thème
    Pour la première fois en nuance fff (très très fort), le thème est raccourci de plusieurs mesures,
    ce qui produit un effet d’accélération. Seul le motif a1 est conservé.
    Dans cette section conclusive, Copland propose une dernière variation du thème en y ajoutant
    un motif très vertical : le choral.

     

    L’oeuvre, ses références au passé et à la culture américaine
     Le langage de Copland


     L’originalité du langage musical de Copland réside en grande partie dans son métissage
    méticuleux de styles savants et populaires.


     Sa musique fait référence au jazz, au folklore américain, mais aussi au langage musical
    savant (travail d’orchestration).


     Elle s’identifie à une Amérique conquérante, industrielle et moderne : les phrases musicales sont lyriques, d’inspiration patriotique. Copland réussit à rendre sa musique accessible à tous.


     Tout en respectant sa démarche patriotique, Copland détourne les clichés de la fanfare :
    Il refuse la contrainte imposée par le genre : cela correspond à sa volonté de rendre hommage
    au citoyen ordinaire qui n’avance pas obligatoirement au pas de marche et qui reste maître de ses décisions.
    Son engagement politique l’amène ainsi à une écriture plus « populaire ».


     Ses références au passé
    De nombreuses oeuvres du répertoire baroque, classique et romantique présentent les traces de
    cet usage cérémonial des fanfares. Elles ont souvent une fonction introductive à une oeuvre.
    Ex :
    - « toccata » de l’Orfeo de Monteverdi
    - « la marche triomphale » d’Aïda de Verdi
    - « Te Deum » de Lully
    Copland conserve cette fonction puisque « Fanfare for the Common Man » a pour but au départ, d’introduire une cérémonie.

    Conclusion

    L’oeuvre et son prolongement
     Une oeuvre à forte popularité :
    - Peu jouée en Europe, le public américain est unanime à reconnaître dans cette musique une expression de ses valeurs. Récupérée par différents courants politiques en passant par les démocrates jusqu’aux républicains les plus conservateurs, « Fanfare for the Common Man »
    - fait partie des oeuvres qui sont régulièrement jouées pour les cérémonies ou les investitures des présidents (ex : Eisenhower, Nixon, Clinton et plus récemment Barak Obama en Janvier 2009).
    - Récupérée par les médias, cette oeuvre figure dans les génériques de plusieurs émissions télévisées, fait partie de la bande son de nombreux films tels que « Il faut sauver le soldat Ryan » en 1998 et à même été entendue lors de l’ouverture de jeux olympiques.
    - Enfin, le thème de cette fanfare a été repris par des musiciens populaires et par des groupes comme les Rolling Stones ou encore Bob Dylan.

     

    Fanfares d'Eugene Goosens :
    Durant la saison 1942-43, Eugene Goossens (directeur du C.S.O.) divers compositeurs invités à présenter des fanfares à jouer lors des concerts d'abonnement.
    Les compositeurs sont américains, devenus connus plus tard. La seule fanfare encore connue et jouée est celle de Copland pour «
    l'homme commun».
    Eugene Goosens voulait saluer à ce titre les divers aspects de l'effort de guerre commun.
    Au cours de la saison, les hymnes nationaux des pays alliés ont aussi ouverts les concerts.
    1.
    A Fanfare for aviateurs, Bernard Wagenaar, le 9 octobre 1942
    2.
    Une fanfare pour la Russie, Deems Taylor, Oct. 16, 1942
    3.
    Une fanfare pour les Français Fighting, Walter Piston, Oct. 23, 1942
    4.
    Une Fanfare aux forces de nos alliés latino-américain, Henry Cowell, Oct. 30, 1942
    5.
    A Fanfare pour les amis, Daniel Gregory Mason, le 6 novembre 1942
    6.
    A Fanfare pour les parachutistes, Paul Creston, le 27 novembre 1942
    7.
    Fanfare de la Liberté, Darius Milhaud, le 11 décembre 1942
    8.
    A Fanfare for American Heroes, William Grant Still, 18 décembre 1942
    9.
    Fanfare pour la France, Virgil Thomson, 15 janvier, 1943
    10.
    Fanfare for Freedom, Morton Gould, 22 janvier 1943
    11.
    Fanfare for aviateurs, Leo Sowerby, le 29 janvier 1943
    12.
    Fanfare de la Pologne, Harl McDonald, 5 février 1943
    13.
    Fanfare for Medical Corps, Anis Fuleihan, 26 février 1943
    14.
    Fanfare pour le soldat américain, Félix Borowski 5 Mars 1943
    15.
    Fanfare for the Common Man, Aaron Copland 12 Mars 1943
    16.
    Fanfare pour le Corps des transmissions, Howard Hanson, le 2 avril 1943
    17.
    Fanfare de la marine marchande, Eugene Goossens, le 16 avril 1943
    18.
    Fanfare pour Commandos, Bernard Rogers, 20 février 1943 (Donné pour un concert populaire)


    Quelques oeuvres de Copland
     Des symphonies, des concertos.
     Des musiques de film: Des souris et des hommes (1939), L'Étoile du Nord (1943), Au Bout de la nuit (1961)…
     Des musiques symphoniques diverses :Fanfare for the common man (1942)…
     Des ballets : Billy the Kid (1938), Appalachian Spring, pour 13 instruments (1943-1944)…
     De la musique de chambre : des mélodies (Old American songs), un quatuor, un sextuor.

     

    L’oral de l’Histoire des Arts.
    Comment dois-je m’y prendre ?
     Je présente l’oeuvre (titre, date, compositeur : quelques unes de ses compositions)
     Je présente les circonstances de composition
     Je parle des références au passé, du prolongement de l’oeuvre.
     Je définis la fanfare
     Je décris la structure générale de l’oeuvre
     Je décris les sections (vocabulaire)
     Je donne mon avis personnel (mon ressenti)


    Vocabulaire que je dois retenir :
     Fanfare
     Le nom des cuivres
     Cellule rythmique anapeste
     Principe d’accumulation
     Thème
     Variation
     Choral
     Section
     Motif
     Nuance
     Timbre
     Homorythmie
     Silences
     Decrescendo
     Tempo
     Mesures
     Caractère
     Structure





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